PARCOURS ARTISTIQUE
Les tableaux de Sarah Bronsard proposent un temps de contemplation qui révèle la beauté des formes de vies discrètes et patientes qui nous entourent. Pour qu'elles nous révèlent leur splendeur, celles-ci exigent d'adopter une posture des plus humbles : le ventre au sol, l'attention dirigée vers une autre échelle de perception afin que de nouveaux paysages s'ouvrent sous nos yeux. Le corps en prière, l’attention tournée vers la beauté du trivial, ces moments d’émerveillement deviennent des révérence face à la sacralité de ces organisme étranges et fascinants auxquels nous sommes intimement liés, bien au-delà de nos perceptions quotidiennes.
Sarah Bronsard est une artiste multidisciplinaire active depuis près de 25 ans, dont la pratique artistique navigue entre les arts visuels et les arts performatifs. D’abord formée en musique puis en métiers d’art (verre) et en arts numériques, elle a mené une carrière fructueuse de peintre axée vers l’hyperréalisme, avec quatre expositions solo, vingt expositions de groupe et représentée par quatre galeries, avant de se tourner vers la danse et la création chorégraphique. En effet, après quelques années fructueuses passées à peindre et à exposer ses œuvres, le besoin de sortir de la solitude de l’atelier l’a menée à découvrir le flamenco. Littéralement saisie par cette danse, le flamenco a répondu à son besoin d’interagir dans l’instant présent avec rigueur et intensité, et d’y engager la globalité de son être en touchant à ses dimensions physique, intellectuelle, émotive et spirituelle. Son parcours artistique a alors bifurqué vers la création chorégraphique contemporaine. Depuis 2012, elle a créé une dizaine d’œuvres multidisciplinaires présentées au Canada et à l’international avec sa compagnie La Sporée.
Son retour à la peinture s’est fait progressivement au cours des dernières années, tout d’abord à travers l’expérience de la maternité. Le fait d’avoir porté en elle un autre être vivant pendant près d’un an, d’avoir été à la fois une et deux, a profondément transformé sa perception de ce que signifie être un individu. Sarah a alors développé une fascination pour les champignons, les mousses et les lichens : symboles de patience et de persistance, ces organismes se sont aménagé un espace fertile dans son imaginaire. Par la suite, à l’hiver 2020, elle a eu la chance de faire une résidence de création au Japon pour initier une recherche autour de la conception esthétique, philosophique et spirituelle des mousses dans la culture japonaise. Bien que cette résidence ait été abruptement écourtée, l’étincelle était rallumée.
Ainsi, le renouvellement de la pratique de peintre de Sarah révèle des affinités profondes avec sa pratique chorégraphique, qui se nourrit autant d’improvisations que du travail d’orfèvre du geste inhérent à la pratique du flamenco. Les tableaux des collections Révérences I et II célèbrent donc l’enchevêtrement de ce parcours artistique, où spontanéité et amour des détails déploie des univers profonds et lumineux.
La loupe du botaniste, c'est l'enfance retrouvée.
G. Bachelard